L’isolement des personnes âgées : enseignements à tirer et préconisations

La solitude des seniors est considérée comme un ressenti, alors que leur isolement peut parfaitement être mesuré. Différentes études ont été menées à cet égard, notamment durant le confinement sanitaire. Une période qui a gravement nuit à l’état de santé général des personnes âgées. Quelles sont donc les conclusions de ces recherches et comment prémunir les aînés de l’isolement ?

Quelques données relatives à l’isolement des seniors

Voici quelques chiffres liés à l’isolement des personnes de plus 60 ans en France métropolitaine datant d’avant le confinement. Leur isolement relationnel a été mesuré selon le cercle de sociabilité. En effet, l’isolement peut être défini comme le fait de n’avoir aucun ou très peu de contact physique avec les membres d’un réseau de sociabilité (famille, amis, voisinage, etc).

Ainsi, selon l’étude menée par l’association Les Petits Frères des Pauvres luttant contre ce phénomène, 55% des seniors sont isolés des cercles associatifs. 28% d’entre eux sont isolés du cercle amical, tandis que 22% le sont du cercle familial et 21% des aînés sont isolés de leurs voisins.

Infographie de chiffres sur l'isolment des seniors par le site Petits Frères des Pauvres
Crédit : https://www.petitsfreresdespauvres.fr/

Par ailleurs, 6% des plus de 60 ans sont à la fois isolés du cercle amical et familial. Un isolement qui concerne tout de même près 900 000 personnes, soit presque la population totale de la ville de Marseille. De plus, 2% des seniors sont isolés de ces quatre cercles de sociabilité, soit environ 300 000 retraités.

De même, 300 000 personnes âgées ne voient quasiment pas ou très rarement d’autres personnes. Cela est d’autant plus vrai pour les plus de 85 ans qui vivent sans aucun contact physique extérieur. Une vie recluse proche de la “mort sociale” qui touche essentiellement les femmes atteignant 75 ans et dont les revenus sont modestes. Il faut également rappeler que le taux d’isolement des seniors diffère selon les régions.

Les différents impacts de l’isolement et les facteurs aggravants à connaître

Plusieurs études ont confirmé le lien entre isolement et précarité. Plus une personne a des revenus faibles, c’est-à-dire inférieurs à 1 000€, moins elle a de contacts avec ses voisins ou les commerçants de proximité. Avec de tels revenus, il est également moins probable d’investir dans des activités associatives. Cet isolement accentue cependant aussi le sentiment de malheur et de solitude.

Homme malheureux qui s'appuie sur sa canne avec sa tête

D’autre part, plusieurs facteurs sont susceptibles de favoriser l’isolement. C’est par exemple le cas de l’exclusion numérique. Selon les dernières statistiques, environ 27% des seniors ne se servent pratiquement pas du réseau Internet. Une situation qui est encore plus grave chez les plus de 80 ans et chez les personnes à faibles revenus. Pourtant, le web se présente comme un vecteur de lien social, surtout chez 67% des personnes âgées qui y ont accès.

Internet leur permet, entre autres, de maintenir un lien social, que ce soit avec leur famille ou leurs proches. Ces internautes séniors peuvent alors avoir des contacts réguliers avec leur entourage. Mis à part le manque de maîtrise de l’outil informatique, c’est le manque d’intérêt pour ce dernier qui est généralement à l’origine de cette exclusion numérique.

En milieu urbain, le manque de solidarité demeure un autre facteur aggravant l’isolement des seniors. La solidarité entre voisins, en outre, est amoindrie au fur et à mesure que la taille de l’agglomération est importante. En zone rurale, c’est le manque de services du quotidien qui est pointé du doigt, alors que la solidarité y est bien présente.

Position des autorités face à l’isolement des personnes

Depuis quelques décennies, l’espérance de vie des Français a nettement augmenté. Parallèlement, le mode de vie a changé sur le territoire, s’illustrant par le délaissement de la cohabitation avec les aînés. La mobilité qui s’est accrue a aussi joué en faveur de leur isolement selon les experts.

Certes, de nombreux acteurs sociaux ont alerté les autorités locales sur la détresse des seniors vis-à-vis de leur fragilité et de leur précarité. Cependant, les hauts responsables n’ont pas vraiment cerné l’ampleur du problème. Les canicules successives ont décimé bon nombre de personnes âgées, ce qui reflète bien le manque d’efficacité des mesures gouvernementales.

Plusieurs rapports institutionnels ont présenté les précautions d’usage dans ce domaine, mais presque rien n’a réellement été entrepris. Depuis 2015, une loi a même été votée au sujet de l’adaptation de la société au vieillissement. Un texte censé lutter contre l’isolement des personnes du troisième âge. Le déploiement d’équipes citoyennes, dont l’association Monalisa, a été son enjeu majeur.

Logo association Mona Lisa

Néanmoins, la complexité de la tâche est telle que de nombreux territoires ne bénéficient pas encore de cette aide. Avec l’entrée du coronavirus, début 2020, l’État a tout de suite compris que les plus de 65 ans sont les plus exposés. Cela s’est confirmé peu de temps après, en observant le nombre de décès.

Les solutions pertinentes pour limiter l’isolement des aînés

Le confinement a été une véritable épreuve pour les autorités françaises, particulièrement dans le but de surmonter l’isolement des seniors. Dès le mois de mars 2020, c’est Jérôme Guedj, alors ancien Président du conseil départemental de l’Essonne et ancien parlementaire, qui est désigné pour trouver les solutions les plus pertinentes.

Pour ce dernier, même des gestes simples permettent de résoudre bon nombre de maux liés à cet isolement. Les proches oublient le plus souvent qu’appeler leurs aînés peut apaiser leur solitude. Cela n’est pas toujours évident, au vu de l’état de santé de certaines personnes loin de leur famille.

Réveiller la solidarité de proximité ou citoyenne est une autre alternative qui a fait ses preuves auprès des personnes âgées les plus isolées ou les plus fragiles. Il a même été possible de faire du cas par cas durant cette période. Les personnes en fin de vie ou celles atteintes du syndrome de glissement ont pu recevoir la visite de leurs proches au sein des EHPAD.

Les bénévoles accompagnateurs ont été à ce titre considérés comme membres de la famille. L’accès au numérique représente encore un bon moyen de pouvoir garder le contact, même avec les plus âgés. Sinon, le bon sens est en mesure de régler plusieurs soucis d’isolement. Gardiens d’immeuble, facteurs et tout autre élu de proximité peut agir pour le bien des seniors qui sont à leur contact.

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