IAE : l’école de commerce… sans l’addition

Moins chers, plus sélectifs, et de plus en plus professionnalisants, les Instituts d’administration des entreprises (IAE) bousculent l’hégémonie des business schools privées. Et si la véritable alternative aux écoles de commerce se trouvait à l’université ? Eléments de réponse avec Joris Dutel, ex alumni de l’IDRAC et féru de questions qui touchent aux études supérieure de commerce et de management !
Un positionnement hybride qui séduit de plus en plus d’étudiants
Des cours jugés plus exigeants que dans certaines écoles de commerce
Ceux qui pensaient que les IAE étaient des voies de secours risquent de tomber de haut, car de plus en plus d’étudiants issus d’écoles de commerce… les quittent pour rejoindre un IAE ! C’est le cas de Gaspard, qui a claqué la porte d’un bachelor pour intégrer l’IAE de l’Upec. « Le niveau n’était pas là », tranche-t-il sans ambages. Résultat ? Des effectifs réduits, un encadrement poussé, et une pédagogie mêlant pratique managériale et socle académique solide.
Le modèle des IAE, c’est cette zone grise assumée entre la prépa et l’école de commerce. On y croise du droit, de la géopolitique, de la sociologie, mais aussi des business games et des cours de marketing. Une pluridisciplinarité assumée qui cultive la rigueur intellectuelle sans négliger la réalité du marché.
L’université comme levier de légitimité
Ce n’est pas un hasard si les IAE préfèrent aujourd’hui se présenter comme des écoles de management publiques. « Nous revendiquons notre ADN universitaire. La recherche irrigue l’enseignement et développe des compétences d’analyse stratégique », affirme Arnaud Rivière, directeur de l’IAE de Tours et porte-voix du réseau IAE France. Et dans ce domaine, Toulouse School of Management fait figure de proue, avec son laboratoire adossé au CNRS. Peu d’écoles privées peuvent en dire autant…
Une professionnalisation comparable aux grandes business schools
Alternance, césure, Erasmus : tous les codes sont là
Sur le papier, les IAE n’ont rien à envier aux écoles consulaires. Alternance, mobilité internationale, stages à l’étranger… tout y est. La preuve avec Pierre, étudiant à l’IAE d’Aix-en-Provence : « Certains font deux stages de césure, d’autres partent en Erasmus. On module notre parcours selon nos objectifs. » Même scénario pour Gaspard, bientôt en stage à New York.
L’approche est concrète, structurée, pensée pour l’employabilité. « Nos maquettes pédagogiques sont très proches de celles des écoles privées, y compris sur les soft skills », souligne Kiane Goudarzi, professeur à l’IAE d’Aix et ancien de Neoma. L’enseignement est délivré par des universitaires et des professionnels aguerris. Le terrain comme la théorie, sans compromis.
Des débouchés comparables, (quasi) gratuitement
Là où les IAE frappent fort, c’est sur l’insertion. A Toulouse, 30 % des étudiants reçoivent une offre d’emploi avant même la remise de diplôme, et ce taux grimpe à 75 % dans certains masters. Au global, l’enquête IAE France annonce un taux d’insertion à six mois de 89 % pour un salaire moyen de 39 400 euros. De quoi rivaliser avec bon nombre d’écoles privées du Top 15.
Et tout cela, pour 175 euros par an en licence, 250 euros en master. Soit 20 à 100 fois moins que dans une école privée. Un choix de raison ? Plutôt une évidence. « Je voulais une formation reconnue, classée au Financial Times, mais sans avoir à emprunter 70 000 euros », confie Pierre, lucide. Car oui, certaines formations IAE figurent parmi les classements internationaux les plus sérieux.
Une dynamique à renforcer sur les réseaux et la vie étudiante
Le talon d’Achille : les réseaux d’alumni encore trop discrets
Face aux business schools privées, le déficit d’image des IAE persiste. Moins de visibilité, moins de présence dans les salons étudiants… et surtout des réseaux d’anciens encore trop peu structurés. « C’est un chantier que nous devons renforcer à l’échelle nationale », concède Arnaud Rivière. Pourtant, la dynamique est là. Théo, étudiant à Toulouse, a trouvé son alternance grâce à une diplômée qui l’a mis en relation directe avec une grande banque.
La vie associative en pleine montée en puissance
Autre point de friction : la vie étudiante. Si les écoles privées y consacrent des budgets massifs, les IAE avancent à un rythme plus mesuré. Mais là encore, les lignes bougent. « A l’IAE d’Aix, l’ambiance est au rendez-vous et on a même un budget pour nos assos », affirme Pierre. Preuve que l’esprit école n’est plus réservé au privé.