Traitement d’Alzheimer : pourra-t-on bientôt l’arrêter précocement ?
La maladie d’Alzheimer toucherait plus de 900 000 Français (2019). Cette maladie affecte principalement les personnes âgées, avec un taux de 2 à 4 % chez les plus de 65 ans et de 15 % chez les plus de 80 ans. Plusieurs recherches scientifiques en cours visent à optimiser les traitements précoces et prévenir les signes de démence. De nombreux spécialistes tentent également d’avancer des diagnostics multicritères afin d’aider les personnes vulnérables. Selon les experts, il serait tout à fait possible d’agir positivement sur cette maladie dans dix ans.
Serait-il possible de traiter la maladie d’Alzheimer avant même l’apparition des premiers symptômes ? Plusieurs essais cliniques en cours d’achèvement ont pour objectif de répondre à cette problématique.
Un traitement expérimental pour lutter précocement contre l’Alzheimer
Un groupe de scientifiques a décidé de lancer un traitement expérimental connu sous le nom de « gantenerumab ». Un sujet de 43 ans, actif et en bonne santé, a participé à cette expérience. Il porte une mutation génétique rare qui augmente les risques de développer des symptômes d’Alzheimer de manière précoce. Une infirmière se rend chez lui environ 2 fois tous les mois pour lui administrer une dose du traitement. Le sujet doit également passer un scanner cérébral mensuel pour vérifier les risques d’hémorragie interne, en plus de réaliser différents examens comme les analyses sanguines, les ponctions lombaires, les tests de mémoire, les exercices sur la capacité de raisonnement, etc. L’objectif de ce traitement expérimental est simple : empêcher ou du moins retarder l’apparition des premiers signes de démence.
Cet essai clinique permet de savoir si agir sur certains facteurs avant les premiers symptômes permettait de lutter efficacement contre la pathologie. Il consiste à étudier des molécules spécifiques, notamment des anticorps qui permettent de lutter contre des protéines nuisibles connues sous le nom de β-amyloïdes. Celles-ci se développent dans le cerveau et forment des plaques, ce qui provoque l’apparition des premiers signes d’Alzheimer. Ces anticorps spécifiques agissent également sur d’autres formes de démence. Les études scientifiques entamées permettraient ainsi d’aider plus de 55 millions de personnes. Selon les études menées sur le sujet, la plupart des symptômes de démence surviennent après 65 ans. Dans la majorité des cas, cette maladie reste incurable, quelle que soit la forme sous laquelle elle se présente.
De nombreuses études ont été menées au fil des années, mais la plupart sont basés sur les symptômes de l’Alzheimer. Cette fois, le traitement expérimental sera concentré sur les causes, ce qui pourrait peut-être offrir un avenir prometteur. Le dépistage consiste à réaliser des analyses sanguines vers le début de la cinquantaine. Il s’agit également d’orienter le traitement vers les personnes sujettes à des troubles de concentration de la protéine.
Des efforts sont encore à fournir avant d’atteindre les objectifs fixés. Pour démonter l’efficacité du traitement, il faudra réaliser des essais cliniques de grande envergure. Cela permettrait de garantir la fiabilité et l’accessibilité des médicaments contre la formation des plaques amyloïdes. Pendant plusieurs décennies, la plupart des essais cliniques menés n’ont porté aucun fruit. Cela explique l’incertitude des réponses concernant la prévention de la maladie d’Alzheimer. Il est tout à fait possible que les expériences cliniques en cours s’élargissent lors de la prochaine décennie.
Choisir le bon moment pour augmenter les taux de réussite
Pourquoi les études menées au cours de ces dernières décennies n’ont pas abouti à des résultats concluants ? Tout simplement parce que les patients recrutés pour les expériences arrivaient déjà à un stade avancé de la maladie.
A ce jour, même si les scientifiques prennent en compte les cas symptomatiques de la démence, ils s’investissent davantage sur les traitements des formes présymptomatiques. Le recrutement des personnes pour ce type d’expérience reste relativement difficile. En effet, il faut rechercher des profils asymptomatiques, mais susceptibles de développer des symptômes précoces. Pour cela, les scientifiques ont développé 2 différentes approches :
- Choisir des personnes avec une prédisposition génétique rare ;
- Trouver des personnes lambda, avec un risque élevé de développer les symptômes d’Alzheimer. Cela peut être prouvé par la présence de plaques amyloïdes dans la région cérébrale.
Freiner le développement des symptômes
Des études ont également été menées en vue de déterminer les personnes avec de fortes chances de développer les formes tardives d’Alzheimer. Cette approche a été initiée par l’Initiative internationale de neuro-imagerie à San Francisco. Elle consiste à contrôler les biomarqueurs de la pathologie chez une centaine de sujets pendant le processus normal de vieillissement, et à toutes les phases de la démence.
Les résultats obtenus ont permis de détecter la présence de plaques amyloïdes dans la région cérébrale chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Celles-ci présenteraient des facultés cognitives tout à fait normales. Les études ont montré que plus de 85 % de cette catégorie de personnes développeront des symptômes d’Alzheimer dans les années à venir.
Face à ces résultats, d’importants essais cliniques ont été menés sur plus de 1 000 personnes avec d’excellentes capacités cognitives, mais présentant des plaques amyloïdes. Chaque expérience scientifique se portera sur un anticorps spécifique et s’étalera sur une durée de 4 ans. Ce délai est suffisant pour observer les premiers signes de déclin cognitif provoqués par l’accumulation des plaques.
De nombreux facteurs à prendre en compte
Après les nombreux essais cliniques menés, les chercheurs ont pu constater que la recherche de traitements contre l’Alzheimer devrait prendre en compte différents facteurs. L’élément déclencheur de la pathologie reste l’amyloïde. Face à cette neurotoxine, les cellules cérébrales peuvent développer un mécanisme de défense spécifique. Les études ont démontré que le traitement devait être accompagné d’autres paramètres comme l’entraînement cognitif, les habitudes alimentaires ainsi que les activités physiques. Les chercheurs ont également conclu qu’un seul traitement ne suffirait pas à stopper les symptômes de la démence. En effet, cette pathologie se développe sous l’influence de différents facteurs, et ce, même chez un même individu. En 2021, plus de 126 molécules sont étudiées à travers le monde.