Plan 75 : quand Chie Hayakawa s’attaque au sujet brûlant de l’euthanasie des seniors
L’euthanasie des seniors a toujours été un sujet très sensible, voire tabou dans différentes cultures. C’est toutefois sur ce point que s’est inspirée la cinéaste japonaise Chie Hayakawa avec son fameux film “Plan 75”.
Ce long-métrage atypique a été présenté au Festival de Cannes avant de sortir récemment sur les écrans le 7 septembre 2022. Il parle ouvertement du vieillissement de la population en proposant l’euthanasie comme remède à ce problème pesant.
Voici quelques informations sur ce titre controversé !
Un film de Chie Hayakawa inspiré de la réalité
Le Japon est un pays réputé pour son respect de la vie et des anciens. Environ 29% de sa population dépasse les 65 ans à présent selon les statistiques. C’est d’ailleurs la nation avec le plus grand taux de seniors au monde. Il paraît ainsi difficile de voir la contrée se passer sans état-d’âme de sa population senior.
La réalité n’est toutefois pas aussi rose qu’elle n’y paraît. En 2016, un jeune japonais de 26 ans a commis l’irréparable en tuant 19 personnes handicapées dans un établissement spécialisé. Comme mobile ? Il a avoué vouloir aider son pays à se débarrasser des individus « inutiles » et a même proposé de légaliser l’euthanasie pour les handicapés.
A l’époque, l’événement a été un véritable choc pour la population. Cependant, aujourd’hui, les idées divergent sur la position du jeune homme. En effet, depuis quelques années, la vieillesse est diabolisée par les médias au pays du soleil levant. L’intolérance et l’exclusion des personnes vulnérables commence à se faire de plus en plus sentir.
Les raisons de cette tendance sont toutefois primaires et se concentrent sur l’obsession de la rentabilité. Tout est désormais une question d’économie. De plus, les liens entre les générations ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Les jeunes actifs sont frustrés de leur avenir et accusent les seniors d’ être à l’origine de cette précarité.
Plan 75 : une histoire poignante et troublante
Plan 75 fait justement référence à cette situation désastreuse au Japon actuellement. Le long-métrage est une sorte de dystopie où le pays subit les effets du vieillissement de la population, dans un futur proche. Pour y remédier, le gouvernement propose une solution radicale afin d’apaiser les charges créées par les personnes âgées.
Le principe du programme est assez simple : inciter les individus de plus de 75 ans à mettre fin à leurs jours. En contrepartie, ces derniers bénéficieraient d’une enveloppe alléchante de 100 000 yens et d’un accompagnement personnalisé. Ces offres sont destinées à faire profiter aux candidats de leur dernier jour tout en les encourageant à ne pas changer d’avis.
Michi, veuve de 78 ans, Hiromu, un recruteur du gouvernement pour le Plan 75, Yoko, une opératrice téléphonique et Maria, une aide-soignante philippine sont au centre du film. L’histoire raconte comment Michi finit par céder au pacte mortifère et comment les autres protagonistes l’accompagnent dans ses derniers moments.
Il faut cependant noter une partie assez bouleversante du film qui se déroule 3 ans après le lancement du Plan 75. Cela fait référence au gouvernement qui se vante d’avoir économiser 1 milliard de yens avec le dispositif. Celui-ci prévoit même d’élargir le programme aux seniors de 65 ans pour faire plus de profits. La scène finale avec Hiromu (scène que nous ne dévoilerons pas pour ne pas spoiler les spectateurs) fait pourtant réfléchir sur les véritables avantages du Plan 75.
Le monde va-t-il choisir un programme aussi définitif ?