Le Bus du Cœur à l’Assemblée nationale, une étape symbolique pour la santé des femmes

Le 28 mai 2025, dans le cadre de la Journée internationale pour la santé des femmes, le Bus du Cœur de l’association “Agir pour le Cœur des Femmes” a fait halte à l’Assemblée nationale à Paris. L’occasion d’une séquence institutionnelle réunissant responsables politiques, représentants de la société civile et professionnels de santé autour d’un dispositif mobile de dépistage cardio-gynécologique.
60e étape d’une tournée nationale de dépistage
À l’extérieur de l’Assemblée nationale, un véhicule médicalisé, aux couleurs vives, attire les regards. Il s’agit du Bus du Cœur, dispositif itinérant lancé en 2021 par l’association Agir pour le Cœur des Femmes. Son objectif ? Aller à la rencontre des femmes, notamment celles en situation de précarité, pour leur proposer un dépistage gratuit et complet des maladies cardiovasculaires et gynécologiques.
La date n’est pas choisie au hasard. Chaque 28 mai est consacrée à la Journée internationale pour la santé des femmes. L’événement, coordonné ici avec les services de l’Assemblée nationale, marque la 60e étape d’une tournée nationale qui devrait compter, d’ici fin 2025, près de 80 escales dans toute la France. Cette étape parisienne se distingue par sa portée institutionnelle : pour la première fois, le Bus du Cœur s’installe devant un haut lieu de pouvoir.
Une étape institutionnelle
La présence du Bus à l’Assemblée nationale s’inscrit dans un programme de sensibilisation à destination des élues et collaboratrices de la chambre basse. Près de 100 femmes – députées ou membres de l’administration – ont pu bénéficier sur place d’un dépistage complet. Le protocole, mis en place par des professionnels de santé bénévoles, comprend un entretien cardio-gynécologique, des mesures biométriques (tension, glycémie, indice de masse corporelle), un électrocardiogramme si nécessaire, et des recommandations personnalisées. Chaque participante repart avec une synthèse de ses résultats et, si besoin, une orientation vers un parcours de soins.
Parmi les personnalités présentes lors de cette opération figurent Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, ainsi que plusieurs membres du gouvernement et du parlement. La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a participé à la visite du dispositif, aux côtés du président de la Commission des Affaires sociales, Frédéric Valletoux. Étaient également présents deux anciens ministres de la Santé, Aurélien Rousseau et Agnès Firmin Le Bodo, ainsi que des représentants de la société civile.
Cette séquence s’inscrit dans la volonté des organisateurs de renforcer le dialogue entre les acteurs de la santé communautaire et les institutions. Elle vise également à rendre visibles les disparités en matière de prévention cardiovasculaire entre les femmes et les hommes, en insistant sur le rôle que peuvent jouer les parlementaires dans l’évolution des politiques de santé.
Un projet porté par l’association Agir pour le Cœur des Femmes
L’association Agir pour le Cœur des Femmes a été créée en 2020 à l’initiative du professeur Claire Mounier-Véhier, cardiologue, et de Thierry Drilhon, chef d’entreprise. Elle prend la forme d’un fonds de dotation, structure juridique permettant de collecter des dons pour financer des actions d’intérêt général.
Le projet du Bus du Cœur est né d’un constat partagé : en France, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les femmes, mais celles-ci restent sous-dépistées. Selon les données disponibles, une femme sur trois meurt aujourd’hui d’un accident cardiovasculaire, souvent en raison d’un diagnostic trop tardif ou d’un traitement inadapté. L’association a donc fait de la prévention un axe central de son action, en insistant sur l’importance du dépistage précoce et du suivi régulier.
Le Bus du Cœur se rend dans les quartiers populaires, les zones rurales, les campus, les marchés, les structures sociales. Le public visé est large, avec une priorité donnée aux femmes éloignées du système de soins, qu’il s’agisse de personnes en précarité, de migrantes, de femmes isolées ou de jeunes adultes. En cinq ans, plus de 15 000 femmes auraient été dépistées grâce au dispositif.
Le fonctionnement de l’association repose sur une gouvernance mixte, réunissant médecins, experts en santé publique et dirigeants issus de l’entreprise ou de la culture. L’objectif est d’articuler expertises médicales, capacité de gestion de projets et communication à grande échelle. Le modèle organisationnel revendique une certaine agilité, permettant au Bus de se déployer rapidement et d’adapter ses modalités d’intervention aux territoires traversés.
Une fondation parmi les soutiens historiques du dispositif
Parmi les soutiens apportés au projet figure la fondation créée par Marc Ladreit de Lacharrière. Présente dès les premières étapes du Bus du Cœur, elle est aujourd’hui considérée comme partenaire fondateur du dispositif. Son soutien s’inscrit dans une politique plus large de mécénat en faveur de l’éducation, de la culture et de l’accès aux soins. La fondation accompagne financièrement le projet sur une durée pluriannuelle.
Ce soutien privé complète des financements publics et parapublics. Il permet notamment de couvrir les coûts logistiques liés au déplacement du bus, au recrutement des professionnels, à la communication et à la prise en charge gratuite des examens. En contrepartie, les partenaires sont régulièrement associés aux temps forts de l’association et représentés lors des étapes majeures du dispositif.
Le rôle de cette fondation reste toutefois complémentaire, le pilotage opérationnel restant assuré par les fondateurs de l’association et l’équipe médicale. Le partenariat est formalisé par une convention de soutien à but non lucratif.
Une action ancrée dans un paysage sanitaire en évolution
L’initiative du Bus du Cœur s’inscrit dans un contexte plus large de réflexion autour de la prévention en santé publique. Depuis plusieurs années, de nombreux rapports alertent sur l’insuffisance de la prévention dans le système français. Les inégalités d’accès aux soins demeurent importantes, en particulier pour les femmes, les personnes en situation de précarité ou vivant dans des territoires sous-dotés.
Les maladies cardiovasculaires, longtemps perçues comme un enjeu masculin, sont aujourd’hui reconnues comme une problématique féminine majeure. Les symptômes sont souvent atypiques, les signes d’alerte mal connus, et les facteurs de risque parfois négligés. La sédentarité, le stress, le tabagisme, le diabète ou les complications liées à la ménopause figurent parmi les causes les plus fréquentes. C’est dans ce contexte que le dépistage itinérant, gratuit et anonyme, s’est imposé comme un levier possible.
Le programme du Bus du Cœur fonctionne selon une logique de complémentarité avec les structures existantes. Il ne se substitue pas à l’hôpital ou au médecin traitant, mais cherche à rétablir un lien avec le système de santé pour des femmes qui en sont parfois durablement éloignées. Les participantes sont orientées vers des consultations de suivi lorsque les résultats le justifient.