De nouvelles règles pour le permis de conduire ?
La question de la conduite des personnes âgées fait l’objet d’un débat récurrent depuis quelques années. Elle est devenue encore plus significative suite aux accidents de la route impliquant des seniors. Le cadre réglementaire du permis de conduire pour cette tranche d’âge est un sujet sensible et complexe, qui suscite des opinions divergentes. De nouvelles règles semblent toutefois se profiler à l’horizon. Détails.
Le débat sur la conduite des seniors refait surface
Les récents accidents successifs impliquant des conducteurs seniors ravivent le débat sur la nécessité d’établir de nouvelles règles concernant leur permis de conduire. Jusqu’à présent, aucune évaluation médicale ou évaluation de conduite n’a été mise en place en France pour les personnes âgées. Ces catégories d’individus peuvent donc conserver leur permis de conduire à vie.
Cette pratique est cependant remise en question par la Ligue contre la violence routière ainsi que par certaines personnes. C’est le cas notamment de celles qui ont déjà été victimes, comme Pauline Déroulède. Pour rappel, cette personne a perdu sa jambe dans un accident causé par un automobiliste nonagénaire en 2018.
De plus, l’accident survenu à Berck-sur-Mer le 22 avril 2023 a impliqué un conducteur âgé de 76 ans et en situation de handicap. Le bilan a été de 12 blessés, dont une femme dans un état de santé critique. Un autre cas, datant du 6 avril dernier dans l’Oise, concerne une conductrice de 82 ans qui a renversé trois enfants traversant le passage piéton. Un cas similaire impliquant un homme de 83 ans a aussi suscité l’intérêt public le 18 février 2023.
Les seniors : victimes de stigmatisation
Selon les données de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, les personnes âgées sont surreprésentées dans les statistiques de mortalité routière en France. Cette institution affirme que les seniors impliqués dans des accidents de la route ne sont pas nécessairement responsables.
Anne Lavaud, déléguée générale de la Prévention routière, avance que les discours centrés sur l’âge contribuent à stigmatiser les personnes âgées. Elle confirme cependant que le taux de responsabilité des automobilistes seniors qui se retrouvent dans les accidents mortels est de 80% pour les 75 ans et plus. Ce taux reste toutefois similaire à celui des jeunes adultes.
Sylvie Bonin-Guillaume de l’AP-HM, pour sa part, indique qu’il est important de ne pas limiter les pathologies qui peuvent empêcher de conduire à la question de l’âge. Le débat reste encore ouvert en attendant la prise de décision sérieuse à ce sujet. Pour l’heure, la question de la visite médicale des conducteurs seniors suscite encore des discussions.
Visite médicale pour seniors : un débat impliquant tous les acteurs
La championne de tennis-fauteuil, Pauline Déroulède, milite pour la mise en place d’une visite médicale obligatoire pour tous les conducteurs. Elle juge la mesure actuellement en place comme étant insuffisante. En effet, celle-ci se limite à recueillir des signalements d’infractions routières auprès du préfet du département. Aucune disposition d’envergure n’est encore proposée pour remédier au problème.
De son côté, Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière, estime que la mise en place d’un contrôle médical obligatoire pour les seniors n’a pas démontré son efficacité. Sylvie Bonin-Guillaume ajoute même que cette mesure s’avère limitée. Selon elle, le médecin en charge ne peut évaluer que l’aptitude à conduire des personnes âgées.
Des solutions alternatives doivent être envisagées dans ce cadre d’après Pierre Lagache. La mise en place de dispositifs d’accompagnement et de solutions de mobilité pour les seniors vivant dans les zones rurales en est un exemple. Anne Lavaud, déléguée générale de la Prévention routière, prévoit de profiter du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour résoudre la situation.
A titre d’information, cette loi consiste à proposer une réforme importante consistant à offrir des visites médicales gratuites aux âges de 25, 45 et 65 ans.