Neuillé-Pont-Pierre : Lulu veut tourner la page, mais qui reprendra son bar-PMU ?

C’est un véritable crève-cœur pour tout un village. A Neuillé-Pont-Pierre, en Indre-et-Loire, Lucie-Anne Soudée, plus connue sous le surnom affectueux de « Lulu », veut raccrocher après 47 ans derrière le comptoir. Mais voilà, malgré un commerce florissant et un chiffre d’affaires stable, la septuagénaire peine à trouver un repreneur. Et si personne ne se manifeste, c’est tout un pan de la vie locale qui risque de disparaître…

Un commerce au cœur du village depuis près d’un demi-siècle

Le P’tit Novillacien, c’est bien plus qu’un simple bar-PMU. Depuis 1978, Lulu y a tout donné. D’abord aux côtés de son mari, puis seule après son décès en 2001, et enfin avec Hassan Boumessaoud, alias « Boubou », qui l’a rejointe dans cette aventure. Ensemble, ils ont fait de ce commerce un véritable point de ralliement pour les habitants. Ici, on ne vient pas seulement pour un café ou un jeu de grattage, mais aussi pour récupérer un colis, faire une photocopie, échanger les nouvelles du coin.

C’est un lieu de vie, un repère, une institution. « Ce bar, c’est le cœur du village », affirme Joël Nicolas, client fidèle depuis dix ans. « Quand ils ferment une semaine, tout s’éteint. Même la boulangère perd 20 % de chiffre d’affaires. Alors si ça ferme définitivement, c’est toute la vie du village qui disparaît. » Et Lulu, elle, elle n’en peut plus. Après quarante-sept ans de service, elle est épuisée. « J’ai mal partout, je suis fatiguée, je n’ai plus envie », lâche-t-elle, au bord des larmes. Son rêve ? Vendre son commerce et profiter d’une retraite bien méritée. Mais en un an et demi, personne n’a encore saisi l’opportunité.

Un potentiel énorme pour un repreneur ambitieux

Pourtant, sur le papier, le P’tit Novillacien a tout pour séduire comme l’explique PIC international, spécialiste en vente de commerces. Lulu et Boubou ne vendent pas un bar, ils vendent un commerce rentable et un cadre de vie agréable. L’affaire est à reprendre pour 60 000 euros, et les murs sont en vente pour 210 000 euros. A ce prix-là, le futur acquéreur ne repart pas les mains vides : un logement de trois chambres, un garage et un jardin sont inclus. Pour un couple cherchant à s’installer et à vivre de leur commerce, difficile de trouver mieux.

Et côté finances, le bar tourne bien. Avec un chiffre d’affaires annuel de 90 000 euros et quatre semaines de congés par an, il y a même de la marge pour faire encore mieux. « Il y a ici un gros potentiel à développer », assure Joël Nicolas. « On peut facilement aménager un restaurant, la place derrière est grande et la terrasse est super sympa. » Bref, le terrain est prêt, il ne manque plus qu’un repreneur avec la fibre commerçante et un bon sens du relationnel.

Un attachement profond des habitants

A Neuillé-Pont-Pierre, Lulu et Boubou ne sont pas de simples tenanciers. Ils font partie de la famille. « Elle m’a aidée à trouver un emploi quand je suis arrivée », témoigne Catherine Arnal, installée à Neuillé-Pont-Pierre depuis quelques mois. « Elle m’a aussi soutenue pour ma fille. Elle est devenue une amie. » Même son de cloche du côté de Jacques, Joël et Thierry, des habitués qui viennent au bar tous les jours. Pour eux, le P’tit Novillacien est bien plus qu’un établissement commercial. C’est un lieu de convivialité, de rencontres, d’échanges, où l’on rit, débat, partage des moments simples mais essentiels.

Et ça, Lulu en a pleinement conscience. Ce qui la rend encore plus triste, c’est de voir tout ce qu’elle a bâti risquer de s’effondrer. « Je vais perdre et je ne veux pas en arriver là. Ça me fait mal au cœur. C’est ma vie qui est ici. »

Une retraite loin d’être dorée

Et comme si l’émotion ne suffisait pas, Lulu sait que son avenir financier ne sera pas glorieux. Après quarante-sept ans de service, elle pourra espérer toucher… 800 euros de retraite par mois. Un montant dérisoire qui montre à quel point les petits commerçants peinent à obtenir une reconnaissance à la hauteur de leur dévouement. Elle est prête à tout pour vendre, mais si personne ne se présente, elle tirera sa révérence malgré tout. « Je ne vais pas laisser ma vie là quand même. Tant pis. Mais ça me fait mal. »

Une opportunité unique à saisir

Les commerces de proximité sont en danger, on le sait. A chaque fermeture, c’est un peu de lien social qui disparaît. Et le P’tit Novillacien en est le parfait exemple. Pourtant, ici, il ne s’agit pas d’un commerce en difficulté, mais d’un bar-PMU qui fonctionne bien, avec une clientèle fidèle et un potentiel énorme. La place est là, le chiffre d’affaires est solide, l’attachement des habitants est indéniable.

Alors, pourquoi personne ne se décide ? Par crainte de l’investissement ? Par peur de ne pas réussir à recréer la magie de Lulu et Boubou ? Pourtant, tout est en place pour que ce bar continue de battre au rythme du village. Reste à espérer que quelque part, un entrepreneur ambitieux comprenne l’or qu’il y a entre les mains de Lulu, et décide de reprendre le flambeau avant qu’il ne soit trop tard. Parce que si le P’tit Novillacien ferme définitivement, c’est une part d’âme de Neuillé-Pont-Pierre qui s’éteint.

Mise à jour : le commerce a été repris en janvier 2025. Le cabinet Guignard s’en félicite sur sa publication Linkedin.

le pti novillacien

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